L' HISTOIRE
I Création
II Sur le rivage se dresse un arbre sans âge, majestueux rescapé d’un millier de saisons. Des entrailles de cet arbre surgît Driftwood Lady, un nouveau feu, ardent et frais...
III D’aplomb, au front de l’océan, l’Arbre de Vie récolte le murmure des vagues, cette dentelle crépitante. Il lui glisse à l’oreille, elle s’incline puis entrevoit des routes se dessinant et caressant ses pieds. Devant ce champ liquide et fertile : l’appel de la Vie...
IV Driftwood Lady s’enquiert de ces ossements éloquents, ceux de nos ancêtres, racines dans nos cœurs. Réminiscences de l’Homme, plongeon dans l’ascendance...
V La Dryade de Driftwood Beach joue et danse avec son invincible protecteur. Ce gardien d’anamnèses lui apprend la résistance et l’osmose... dans la magique alchimie des éléments.
VI Elle grandit sur la branche et bourgeonne en isthme reliant la terre au ciel.
VII La saison est venue de découvrir ce monde et y laisser mes empreintes. Entendez-vous Zéphyr ? Il souffle ces touffes de secrets ineffables le long de la côte... Écoutez... Entre les bruits réside l’indicible...
VIII Abracadabra ! « L’Art est l' Arbre de la Vie. La Science est l’Arbre de la Mort. » William Blake
IX Cette jeune femme contemplait les vagues d'argent, déroulant l'avenir depuis l'horizon de bronze. Elle prenait un moment de répit dans la lumière claire et l’air si apaisant. Peau contre écorce, elle s’assoupissait sans force dans ces lances acérées, ces sabres et épées, les puissants bras d'airain de sa fidèle armée. Dans un songe prémonitoire, elle se voyait s’attaquer à cette mer de travail, cet océan de batailles, et parfois, emprunter des layons de fièvre en hurlantes foulées.
X Ô Soleil ! Ô Lumière ! Astre des astres, Oeil de Zoroastre, Hélios, regard d’or qui m’honore dans les lueurs de l’aurore.
XI De nouvelles forces la convient en ces célestes contrées. Son âme écoute Ouranos. Elle s’apprête à partir en quête des dieux qui habiteront son cœur et forgeront son esprit.
XII Ce jour-là, ouvre grand tes yeux, lis les cieux, regarde où peu regardent et prépare toi à aller où peu vont... tant que tu peux t’adapter à tout changement, ce que tu entreprendras réussira !
XIII Helios s’accorde une halte pour rejoindre Driftwood Lady. Il se glisse et la prend dans ses bras. La jeune femme se délecte de ses rayons, alors qu’ Éos, silencieusement, se dérobe sous le regard jaloux de Nyx.
XIV Nyx, née du chaos... son faciès s’illumine dans le halo de Séléné qui l’attend patiemment. Nyx observe la scène des confins du ponant...
XV Hélios la prévient de se méfier de Théotormon. Il n’a cultivé que jalousie et convoitise et a fini par perdre sa tête gisant sur ce sable sali par toutes ces gueules infécondes.
XVI « Connais-toi toi-même », lentement mais surement... Car tôt ou tard, tu croiseras la route puis le fer avec un de ces maléfiques caractères...
XVII Arès, cet adversaire, ce fléau ou ce vil amant ? Arès lui déclare rempli de fiel : « La guerre a lieu sur cette terre que je piétine et cache les Enfers ! La guerre c’est la mer que je bois au combat, c’est l’air dans lequel sifflent les flèches qui feront ma victoire. La guerre... c’est dans les flammes du feu sacré qu’elle est née ! Prométhée a volé la foudre de mon père pour vous sauver Hommes, moi je l’ai dompté pour vous réduire à néant ! »
XVIII La guerre crée des monstres, tel le terrifiant Deimos. Si tu avances, il recule... Résistante tu resteras, femme intègre tu seras, l’esprit juste tu garderas.
XIX Elle devra aussi lutter contre l’épouvantable Phobos conçu pour nous perdre dans ses lacis, ces ruines de la raison, ces abysses de l’hybris. Ces tyrans ralentissent et tuent tout épanouissement...
XX Son Destin ou ce qui doit advenir adviendra, si elle le décide.
XXI Sur les sentiers de l’existence, qui parfois prennent des allures de labyrinthe. Une jeune femme vaillante combat l’Hydre de Lerne, un monstre d’orgueil, de colère et de méchanceté.
XXII Soudain, Driftwood Lady se retrouve face à sa Chimère. Ses griffes plantées dans ce miroir d'eau, prête à bondir tel l’ouragan sommeillant en elle. Serait-ce le présage d’un inexorable naufrage ?
XXIII Vision d'un Léviathan : « À présent, le serpent rusé chemine en douce humilité,
Et l'homme juste crie sa rage dans les déserts arides où les lions rôdent. » W.Blake
XXIV Entre ombre et lumière, dans l’accalmie passagère, elle se remémore Eurydice et son sort...
XXV L’Ombre s’installe en la silhouette d’une vision se noircissant. Elle ignore encore ce qui se cache dans l'obscurité...
XXVI Elle est prise dans le tourbillon de l'incertitude. « Rintrah gronde et fait claquer ses flammes dans l’air alourdi ; affamés, des nuages d’ébènes pèsent sur l’abîme. » (W.Blake) Tandis que Argès, à la neuvième heure, pointe ses glaives griffant l’air brûlant et le firmament étouffant.
XXVII Dans l’éclipse irréelle du crépuscule, à l’intérieur d’une minute dissimulée, se dessinait sur le ventre de ce gardien une entrée secrète... son nombril éphémère.
Dans la nuit sans fond ...
XXVIII « Lorsque sa vue veut pénétrer trop loin dans les ténèbres, il advient qu'en imaginant elle s’égare. » (Dante) D’irrésistibles lueurs écarlates l’attirent, l’attisent, lui sourient et la tentent... En ces sombres échos d’un feu obscur, une bougie brûle, seule et glacée, au fond du puits menant à Hadès.
XXIX En faire un passage - Des tombeaux s’esquissent sur les parois du Tartare se lamentant. Son corps jamais assouvi jète son ancre dans le flot de sang qui la voit, qui la sent. En cette rivière tapissée de chairs, elle se métamorphose en arborescence rugissante puis déjoue les spectres lugubres dans ce torrent des larmes nourrissant le Styx. Les tambours de Thanatos tonnent dans le giron des Enfers. Ces battements qu’on ne redoute pas jusqu’à ce qu’on sache ce que sont des coups lourds qui s’abattent comme des haches sur le tronc de l’espoir, sur le refrain du destin. Mais la femme juste continue à marcher coûte que coûte pour atteindre cette lumière blanche, paradigme de l’infini, là-bas derrière les falaises du vertige où hommes et femmes vivent en paix.
XXX L'œil de Zeus
De l'infernale urne cette perle s'évade
Elle s'accorde une ultime roulade
En délivrant sa ritournelle déguisée
À cet océan d'oreilles aiguisées
L'eau claire préserve de la soif des insatiables nuits
Le vent n'éteint pas les flammes mais les nourrit
Jadis dans le feu éloquent j'ai vu ce désert de Je
La peur plantée-là avec son regard insidieux
XXXI L'Instant d'Éternité - « Rien ne naît ni ne périt mais des choses déjà existantes se combinent puis se séparent de nouveau. » Anaxagore
XXXII Renaissance
Perles explosant dans l'ombre muette d'hier
Bulles vives se multipliant en ce rai de lumière
Scintillant derrière leur masque aquatique
Et pétillant au rythme du courant élastique
Beautés immaculées éclatant dans le moussant ruban
Billes subtiles enrobées de cachemire si brûlant
De cette luminescence mammaire jaillit l'avenir d'opale
Né de la première écume échappée du dédale
XXXIII Dans l'écume du nouveau jour, Eosphoros s'émerveille devant Driftwood Lady échappée des Enfers. Éclot Aphrodix sur la lande frétillant les larmes joyeuses de Gaïa. Cette beauté au teint divin avance à l’instar de ce frisson infini dans ce bouillonnement de renaissance.
XXXIV Aphrodix et Cerbère
Le pouvoir de changer les choses est en elle : faire entendre sa voix c’est distiller son essence, celle-la même qui enivre et convainc Cerbère.
XXXV La Belle et la Bête
- la Bête s’incline devant la Belle et lui avoue : « Tu es plus blanche que le lait d’Héra, plus douce que la poudre de safran, et plus fraiche que l’eau pure dont j’ai tant rêvée. Ton regard a plus d’éclat qu’un diamant et a fait baisser toutes mes armes. »
- Aphrodix se penche et lui souffle : « Observe ce qui est beau et tu deviendras beau à ton tour. »
XXXVI En se faisant face, en apprenant puis se comprenant, ils sont devenus de véritables amis. L’amitié est le seul canon d’où peut jaillir l’amour !
XXXVII Elle chevauche les plateaux de sel en compagnie de son guide : une intuition infaillible qui la mènera jusqu’aux plages qu’il faut fouler. Accompagnée de ses deux meilleurs alliés : le salut et la confiance en soi.
XXXVIII Son Daïmôn lui rappelle : « Dis, écris, peins, sculptes, joues, danses, chantes ce en quoi tu crois, ce pour quoi tu es faite... Garde la foi et n’abandonne jamais ton rêve ! Jamais ! »
XXXIX Sous l’axe millénaire, Aphrodix goûte à ce fruit gorgé de lumière qui lui enseigne ceci : s’aimer soi-même, c’est aimer le monde !
XL Inspiré par sa nouvelle muse, Orphée s’accorde avec Aphrodix pour qu’elle incarne la corde magique de sa lyre. Cette voix de l’harmonie radieuse lui transmet l' é n e r g i e . Elle s’élève, vibre et jamais ne s’abaissera !
XLI « Aucun oiseau ne s’envole trop haut s’il vole de ses propres ailes ». W.Blake.
XLII « On ne nait pas femme, on le devient ». Simone de Beauvoir
Sa grâce réside dans son harmonie avec la nature souveraine. Une femme dont la beauté est sculptée par le temps en ces lieux qu’ils l’ont faits, souvent accueillants, parfois hostiles. En gagnant son indépendance elle pourra savourer sa liberté, ce pouvoir de vivre l’existence qu’elle choisit. Incarner son nom c’est incarner sa vie ! Tel est le message et le précepte de Mademoiselle Liberté.
XLIII Driftwood Lady, tu es revenue, Mademoiselle Liberté, tu es devenue. Regardez-la comme une femme qui est et restera libre pour que d’autres le soient et comprennent que c’est un combat permanent.
XLIV À La liberté, sang de la démocratie ! À l’égalité, ciment du vivre ensemble ! À la fraternité, cœur de ce monde ! « Ce monde est dans ma tête, mon corps est dans ce monde ! » (Paul Auster) Mademoiselle Liberté marche avec le vent et le feu marche avec elle... C’est une femme qui grandit, continue à marcher et à regarder autour d'elle... « Je vais où je deviens et serai ce que demain doit être : aguerri et libre... libre !!! »
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J'ai décidé de terminer ce premier opus de La Vie De Driftwood Lady avec cette réflexion de Paul Auster que je considère de la façon suivante : j'y vois les tensions créées par nos conditions de vie, celles produites par l'opposition qu'il réside entre notre perception de la r é a l i t é et du r ê v e . « Nous habitons nos pensées, la vie qu’on vit est dans la tête (...) » écrit Paul Auster. Une façon d'annoncer le second volet de la vie d'une femme se trouvant face à elle-même et face aux changements globaux et aux enjeux d'un monde dans lequel nous sommes plongés quotidiennement... Driftwood Lady symbolisera ce que la société moderne appelle "l'âge adulte".
"Big City Vision" - le 2ème chapitre - se déroulera à nouveau en Géorgie... mais pas uniquement...