top of page

Manew Blew

artiste

Blew's Dragon II  72.jpg

Acerca de

Présentation du projet
"Driftwood Lady de l'île de Jekyll"

 

                  C'est peut-être la partie la plus difficile - pensant au reste du travail effectué - que de présenter le projet, l'œuvre, les processus, les questionnements, la traversée des enfers... et cette impérieuse nécessité de la création et de l'art. Ce projet réalisé sur plusieurs années est à la fois un hommage aux femmes et au vivant. Dans une perspective onirique et poétique, j'ai voulu aborder l'humanisme résistant et la spiritualité nécessaire en ces temps obscurcis par les violeurs de nos droits et libertés. Notre responsabilité personnelle vis-à-vis du monde n'est-elle pas le seul gage de notre liberté ? 

Introduction :

                  J'aimerais d'abord vous expliquer comment Driftwood Beach a changé le cours de ma vie. En parcourant les côtes de Floride puis de Géorgie, j'ai observé des littoraux et des îles tel le flaneur aime le faire en prenant le temps de la contemplation. Je me suis pris de passion pour le bois flotté, ses allures, postures, textures et couleurs sur des plages pour le moins saisissantes. Je fus, suis et resterai profondément inspiré par cette Driftwood Beach jonchée de sculptures naturelles. Il existe certainement des milliers de lieux au caractère magique sur notre planète. Ce « cimetière d'arbres » en fait sûrement partie en se singularisant par la présence de ces chênes (certains ayant plus d'un demi-millénaire comme les Quercus Virginiana communément appelés live oaks ou chênes de Virginie), ainsi que les pins et palmiers. Pas étonnant que ce soit un lieu privilégié pour les photographes. Encore moins étonnant que Jekyll Island  figure dans le explorer's guide to the world's hidden wonders édité par Atlas Obscura. 

                   En observant ces êtres brûlés par les rayons du soleil puis blanchis par le sel de mer, continuant à se dresser après le passage de tempêtes et d'ouragans, effaçant ces pluies battantes et perpétuant leur règne sous le soleil de plomb de Géorgie, l'idée de résilience entra en scène. Surmonter les épreuves pour continuer à vivre, tel est l'exemple que m'ont donné les habitants de cette plage (et son histoire : voir la page « Idylle avec Jekyll »). Ma réflexion part de ce constat dont découlera l'autre idée de dialogue et de rhétorique entre la vie et la mort

                 C'est un projet de coeur et de longue haleine n'ayant fait que grandir sur une période de sept ans (2015-2022). Sur cette plage au caractère olympien que je vois comme un théâtre dont s'est emparé mon imagination, j'ai répondu à l'appel de la poésie en photographiant, non pas sans une certaine ardeur, ce qui m'inspirait et donnerait naissance à cette histoire et parabole. La dimension mystérieuse de cet espace naturel m'a propulsé vers cet état suprême où l'âme aime rencontrer l'esprit des choses et redécouvrir les sens. Expérimentant le « poesis », par le fait même de créer, j'ai retrouvé cette verve qui fait danser mon intérieur comme seule cette jeune femme m'a fait danser devant les merveilles de cette plage.

Oui, c'est un hommage aux femmes qui se battent pour la défense et le progrès de leurs droits et libertés dans ce monde souvent trop rigide et patriarchal. Je suis partisan de l'égalité des chances hommes-femmes, de la mixité sociale et culturelle ainsi que de la parité professionnelle. Les femmes restent une inspiration profonde qui invoque le profond respect, et cette vérité essentielle qu'est l'amour. Les femmes portent et donnent la vie. J'aime entendre la sensibilité et l'intelligence des femmes comme j'aime écouter des blueswomen chanter et jouer avec plus de douceur et de délicatesse ou plus de rage et de désespoir... 

Corps de la création :

D'abord, c'est une expérience personnelle et spirituelle avec ce chêne survivant, celui que je nomme mon « Arbre de Vie ». Petit rappel des faits : 

Je marche et suis mon ami John Hoy sur un sentier sablonneux qui va nous mener à la Driftwood Beach dans un instant... Nous y voilà ! Morning Glory ! Je me souviens, je commençais à scruter cette myriade d'arbres éparpillés sur plus d'un kilomètre. Des arbres raccourcis ou brisés, affutés, saillants et prêts à se défendre des foudres du ciel et des furies de l'océan. Sans oublier ces grands live oaks et palmiers paraissant indestructibles. Créatures ou soldats ? Bêtes ou humains ? Déesses ou héros ? Rêve ou cauchemar ? Un m'a séduit, m'a parlé, m'a mis face à mon existence d'homme... loin de chez lui. D'une garde majestueuse, sculpté par le temps, cet arbre représente un exemple de résistance et de beauté naturelle rarement atteint à mes yeux. Il supplante cette magnifique ornementation décorant Driftwood Beach. Je l'ai contemplé déjouer une tempête après avoir affronté quelques dizaines d'ouragans depuis sa prise de trône. C'est lui l'Arbre de ma vie, cet être végétal devenant minéral, cette incarnation de l'éternité. Lui qui m'a mis face à mes pensées et questionnements... Le caractère millénaire de ce chêne survivant m'a fait voir la dimension d'immortalité qui résonne au sein des divinités et créatures que j'ai rencontré ou affronté. 

J'envisage la symbolique de l'arbre dans : 

- sa relation au monde : la dialectique entre l'Arbre de Vie et Driftwood Lady , leur inhérence vitale, la relation didactique père-fille. 

- sa relation avec moi, Homo sapiens et artiste : le miroir et le coffre de mes pensées, comme si j'avais toujours désiré cette opportunité magnifique, cet accident de voyage. Commençait l'allégorie d'une vie, de sa chute puis de sa renaissance. 

Osmose - Symbiose - Métamorphose 

Le processus chimique du vivant et sa liaison avec mon imaginaire.

Observer de plus près, encore plus près, toujours plus près l'écorce d'un arbre, lire sa peau... Cheminer en compagnie de l'harmonie trouvée au sein d'une nature resplendissante. Driftwood Lady évolue dans une relation osmotique avec l'Arbre de Vie. La protagoniste change deux fois d'existence, elle se métamorphose en ayant appris de cette relation osmotique devenant symbiotique. 

Origines de la création et de son processus 

Le syncrétisme artistique (visuel-sonore-textuel) recherché dans la forme comme dans le fond, correspond aussi à ma tentative d'harmonisation de l'image, du texte et du son, ainsi qu'à ma recherche d'unité dans l'œuvre autant qu'il m'est possible.
Certaines images m'ont amené à mettre en abyme le Mariage du Ciel et de l'Enfer (1793) écrit par l'incandescent poète, peintre, graveur et imprimeur William Blake. Driftwood Beach  regorge de délices pour notre regard. C
e lieu représente un verger de poésie aux fruits énigmatiques et devenu métaphore de quelques proverbes du Mariage du Ciel et de l'Enfer. « L'originalité essentielle de Blake réside dans l'humanisme passionné avec lequel il proclame la valeur sacrée de l'énergie créatrice en général, et de l'imagination poétique en particulier, où il voit non seulement la forme mais la source même du divin. Il annonce et devance par là la plupart des conquêtes du romantisme européen ». écrit Robert Paul. : https://artsrtlettres.ning.com/m/blogpost?id=3501272%3ABlogPost%3A1362392 

Vint le travail de relier aussi respectueusement et pertinemment que possible, les mondes de Blake - ayant écrit sa propre mythologie dans ses "livres prophétiques" - et celui des divinités grecques qui l'ont influencé au regard de leurs forces créatrices.

Les références et influences grecques 

Le choix et rôle des figures divines et héroïques de la mythologie grecque se sont imposés à mes yeux. J'ai essayé de mettre en abyme le mythe de deux amoureux, celui d'Eurydice et Orphée. Mon imagination a fait se métamorphoser des caractères légendaires tels Cerbère devenant la Bête, et Eurydice, la Belle.

L'aspect fantastique du conte et mon attachement aux Romantiques Sombres et Gothiques Américains (1800-1865) : 

Cette époque valorisait le sentiment, l'intuition et l'idéalisme. Mouvement qui a placé la foi au sein de l'expérience intérieure et de l'imagination. La poésie était alors considérée comme la plus haute expression de l'esprit. Les romantiques sombres et écrivains gothiques américains ont combiné ces valeurs avec des thèmes et des paramètres surnaturels parfois obscurs. E.A.Poe était bouleversant tout comme son existence l'a été. Il est un des écrivains qui m'a montré ce que pouvait être l'obscurité dans sa vie d'homme et d'artiste. Sur Driftwood Beach, j'ai découvert un passage qui m'a amené à cette noirceur gothique (partie centrale de l'oeuvre). 

Un rapport naturel divin 

L'animisme a été défini par l'ethnologue britannique Edward B. Tylor (1871) comme la croyance selon laquelle la nature est régie par des esprits analogues à la volonté humaine. L'étude de cette plage m'a conduit à m'interroger sur l'animisme, puis sur le totemisme, à l'opposé du naturalisme, théorie selon laquelle seuls les êtres humains ont une vie intérieure. Cette position scientifique ne me convainc pas, soyons plus spirituel. Tylor voyait en l'animisme la forme primitive ayant engendré toutes les religions.

 

Photographie 

Mon but a été de rendre au mieux le vivant, ou « survivant », bercé de la lumière solaire révélant la vie dans ce qui ne l'est plus biologiquement. 

Ce projet est né des photographies que j'ai faites lors de trois séances sur Driftwood Beach, et une autre session ensuite avec la future Driftwood Lady. Tout démarre à ce moment-là, après ce dernier shooting, sans avoir encore conscience du développement final et de l'histoire précisément. Toutefois, je garde la la vision du Mariage du Ciel et de l'Enfer lors de la séance aussi improvisée qu'inimaginable pendant cette dépression orageuse ("arcus") que j'évoque plus loin... 

Le point commun des photographies N&B et couleurs c'est précisément ce que je cherche plus que toute autre chose : évoquer des émotions laissant apparaître dans leur trainée, sensations, impressions, expressions, autant de sentiments qui nous touchent personnellement et il arrive, profondément... Cette multitude de nuances grises trouvée sur cette plage m'a surpris d'abord puis fait réfléchir sur leur étendue et richesse. Sans oublier le ciel bleu cristal (traduction) pâlissant aux abords de l'horizon et faisant voir des nuances de gris purs et limpides... Entre le noir profond des ombres et le blanc étincelant des reflets, j'étais presque aveuglé par le rayonnement solaire puissant s'abattant sur les live oaks. Ces chênes prenaient des allures de sorcières vêtues de robe d'argent et aux bras se terminant par des mains pourvues de griffes... Un arbre en particulier : images  II-III-VII-VIII-XX-XXII  Griffes acérées pouvant être dangereuses au point que moi-même me suis blessé et ai presque perdu l'œil gauche (...) Les personnels de l'hôpital public de Brunswick,GA m'ont parfaitement soigné. L'aventure continue, avec d'autres accidents dont il faudra se relever !

Un ami proche, Thomas Léon, m'a inspiré en le voyant photographier uniquement en N&B. En discutant de l'idée du "noir et blanc" avec lui, nous nous rendions compte que le propos et le résultat en image amenait inévitablement vers un rendu particulier du réel ; pouvant donner naissance à l'irrél (l'imaginaire) et au surréel, voire à l'interpénétration du réel ordinaire et du rêve ou de l'inconscient : le surréalisme. Je me devais d'emprunter ces routes afin d'acquérir de l'expérience, toujours prêt à expérimenter...

Après justement l'expérience de ces manipulations photographiques et de ces abstractions, j'ai fait des prises de vue en recherchant beaucoup de contraste dans la texture du bois de ces arbres. Les photographies XXVII, XXVIII, XXIX, XXXI en sont les épreuves. L'image XXIX est bien une photographie, pas un dessin ni une création graphique.

Au fond, cette Driftwood Beach est parfaite pour découvrir la « photographie au naturel ». En ayant observé le passage du soleil du lever au coucher, selon la présence ou l'absence de nuages, à toute saison je vous le dis : allez-y et vous comprendrez !

Ce travail a aussi pour but de dévoiler des paysages et horizons insoupçonnés faits pour ravir nos yeux et apaiser nos âmes. Et par là, c'est une mise en lumière des inhérences qui peuvent exister avec d’autres territoires océaniques et insulaires, et avec d'autres littoraux, proches ou distants. 

« Driftwood Lady de lÎle de Jekyll » est le premier opus de la trilogie de « La Vie de Driftwood Lady » en trois parties : la jeunesse, l'age adulte, la vieillesse, ou l'existence d'une femme de notre monde changeant très vite...

 

  • Instagram
  • Facebook
  • LinkedIn
  • YouTube
bottom of page